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Terra Incognita

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6 juillet 2005

Fin

2000 c'était l'année de mes 38 ans, sans nul doute une année charnière.

Le 11 février 2000 je recevais un chèque au montant impressionnant pour achat des parts de ma société
Le 30 Novembre 2000 je quittais cette même société et retrouvait une liberté de temps, perdue depuis longtemps.
Le 30 Mai 2000 je quittais mon studio adoré mais modeste pour un superbe appartement au coeur de Paris. Je devenais propriétaire alors qu'avant je ne possédais rien.
Début 2000 je divorçais de la mère de ma première fille.
Fin 2000 je vivais avec une femme me remplissant d'amour et avec qui j'allais commettre les pires folies, du corps comme de l'esprit.
Le 7 janvier 2001 je subissais avec succès une opération majeure de la machoire pour rectifier un affaissement problématique.

En une année, l'ensemble des éléments de ma vie étaient chamboulés. Je n'étais plus le même tout avait été modifié. Samsara. Vie et mort. Renaissance. J'étais arrivé là où j'avais décidé d'arriver étant petit. Mais bien plus tôt, bien plus vite.

Ma réussite, cela ressemblait à une réussite, me faisait passer pour un entrepreneur de talent. J'en avais l'aspect, le débit de voix, la créativité, l'inventivité, le look. Pourtant je ne suis pas un entrepreneur. C'est un immense malentendu. Mais comme je suis incapable d'être salarié plus de quelques mois sans vouloir prendre la place du patron, il faut bien que je me résigne à être présenté comme entrepreneur. Que je ne suis pas. J'ai des idées. Plein. J'ai des talents. Plein aussi. J'ai un certain charisme. J'ai pu le tester. Mais je ne suis pas un entrepreneur. Je n'ai ni la mégalomanie, ni l'assurance des vrais entrepreneurs. Ceux qui bluffent, ceux qu'on admire. Parce que la mégalomanie c'est ce qui permet d'avancer lorsque tout va mal. Parce que l'assurance, c'est ce qui permet de convaincre même quand soi même nous ne sommes pas convaincus. Moi, je ne suis jamais convaincu de ce que je dis. Je pense toujours à ce que mon interlocuteur pourrait me retorquer. Je vois toujours ce qui pourrait ne pas marcher. Non que je sois immobile, oh non, mais simplement, je ne sais pas foncer sans réfléchir. Je ne suis pas un entrepreneur.

J'ai été un des rares rescapés de la folie d'Internet. Rentré plus tôt que d'autres, j'en suis sorti plus tôt également, avant que tout le château de sable ne s'écroule. Ce n'est pas de la chance, c'est simplement que je m'ennuyais, j'avais fait le tour, il me fallait passer à autre chose. Internet je connais par coeur, depuis 1995. Peu de gens le comprenne aussi bien que moi. J'ai fait le tour du Monde pour le comprendre et l'appréhender, avant de le présenter à mes clients et de le développer avec succès en France. Mais 18 heures chaque jour de la semaine, pendant 5 ans, j'ai fatigué. Et même Internet a fini par m'ennuyer. Il faut dire qu'en 2000 il ne se passait plus rien de passionnant. Je n'ai jamais cru à la nouvelle économie, c'était risible. C'est facile à dire aujourd'hui, mais je le disais déjà à l'époque et Internet en garde la trace. Merci Google.

Passer à autre chose, c'est justement ce à quoi je pensais en cette fin d'année 2000, il y a maintenant 5 ans. J'avais tout ce que je voulais: de l'argent (assez pour vivre correctement si je ne faisais pas de folies), de l'amour (assez pour mourir très vite d'épuisement), une première fille merveilleuse, une vie intellectuelle bien remplie. Mais justement, c'était la Terra Incognita. C'est facile d'avancer quand vous êtes en manque, que vous avez un but, que la rage vous donne l'énergie de vous relever sous les coups. Mais une fois arrivé, que faire?

Aujourd'hui j'ai atteint un plateau, uniforme, plat comme doit l'être un plateau. Mais avant j'ai du escalader l'Himalaya, enfin mon Himalaya à moi, à la Disneyland, parce que l'exploit est assez médiocre. Chacun a les exploits qu'il peut. Et les miens ont ceci de médiocre que j'aurai du talent pour faire beaucoup mieux. Avant de découvrir ce plateau, une rapide escalade pour se mettre en jambe...

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6 juillet 2005

Samsara

Samsara c'est le cycle sans fin de la vie et de la mort.
Ce cycle est sans fin et traduit l'impernanence de notre vie.
Puisque ce cyle intervient à chaque instant, comme une recomposition sans fin de ce que nous sommes.
Regardons une photo de notre enfance. C'est nous, mais ce n'est plus nous non plus. Ce que nous partageons en commun sont quelques souvenirs, quelques marques ou cicatrices aussi. Mais quoi de commun entre une petite fille ou un petit garçon et nous maintenant?

Je suis profondément bouddhiste, ce qui ne m'interdit pas, malheureusement, une certaine médiocrité.
Je crois ainsi que nous venons sur Terre, avec notre valise (le Karma) y vivre une vie pour tenter d'améliorer notre sort et nous faire progresser sur le chemin de la Connaissance. Plus qu'un destin, je crois que nous avons une destinée, bonne ou mauvaise, et qu'il nous appartient de l'accomplir et de la rendre la plus juste, la meilleure possible.
Non qu'il y ait une instance pour juger du bien et du mal, les bouddhistes sont bien plus pragmatiques: nous ne récoltons que ce que nous semons. Autant donc semer du bien, nous en récolterons pour nous, et tant mieux pour les autres qui en bénéficieront aussi.

Ma vision du bouddhisme est toute personnelle.
J'en ai pris ce qui m'arrangeait.
Mais c'est partie intégrante de la démarche: n'accepte que ce que tu as toi même éprouvé!

Voilà où j'en suis à l'aube de mes 38 ans.
Ce n'est pas un âge comme un autre. Non vraiment pas.
Tous les 19 ans, notre vie prend une nouvelle direction, ces caps sont importants à gérer (en prenant aussi en compte les demi-caps tous les 9 ans et demi).
Et à l'aube de mes 38 ans, j'arrive à la fin de ma vie. Celle pour laquelle j'étais venu.

Depuis j'avance en Terra Incognita, même s'il est difficile d'appeler cela avancer...

Mais il me faut revenir à l'aube de ces 38 ans...

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